J’en ai rêvé, vous l’avez attendu, il est tout frais sortir du four, Ma vie de boulet est de retour !
L’aventure a commencé il y a quasiment 10 ans, par une envie soudaine de partager au monde entier ma vie trépidante. Le titre de mon blog s’est imposé de lui-même. Ma vie de boulet… C’était tellement moi ! Quelques premiers articles sans aucun succès, mais peu importe, je découvrais pas à pas ce monde formidable de la blogosphère. Et puis, à force de travail et d’acharnement, mon style s’affinant, les lecteurs sont entrés puis restés dans mon univers. -Un petit syndrome de Stockholm pour certains ?-
Et puis, paf ! Un jour, l’accident. Les anciens se souviendront, les nouveaux sauront juste que parfois, les Bisounours ne sont que de vulgaires oursons en gélatine colorée bons à se faire dévorer sur la place publique.
Quelques années plus tard, je passe une audition. Je m’en souviens comme si c’était hier : c’était à Blois pour un projet super intéressant, un rôle sympa dans un lieu original, une création à laquelle j’avais vraiment envie de prendre part. Le stress accroché aux intestins, j’arrive tout naturellement avec une dizaine de minutes de retard. Normal. Un dédale de couloirs, des escaliers, je tente de ne pas perdre mes poumons en chemin –ni mon guide-à-grandes-pattes de vue– et j’entre dans une petite salle de spectacle toute mimi, siège rouges confortables… et neuf candidats déjà installés. Mon cœur s’arrête, mon cerveau fait un bond : « Saperlipopette ! C’est une audition collective ! »
Le metteur en scène prend rapidement la parole et nous invite à passer les uns après les autres sur scène pour présenter le texte que nous avons évidemment préparé avec tout le sérieux et le professionnalisme dont nous sommes capables. Le ? Le quoi ? Ah oui, le texte… Aheum… Croyez-le ou non, j’en avais travaillé un. Il était tout ficelé, passé au four, prêt à déguster. Si, si !! Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, voyons ?
Alors que j’étais bien confortablement installée dans mon fauteuil, concentrée comme jamais, mon cerveau s’est mis à faire des tours… Vous savez, le genre de tour qu’il vous fait quand vous êtes au fond de votre lit, sourire béat aux lèvres, l’esprit s’embrumant doucement… « Allez ! Si on profitait de ce moment de calme pour repenser à ce rendez-vous à la banque il y a une semaine, celui qui n’a rien arrangé à la situation alors que tu as tenté de jouer de ton charme auprès du banquier avant de te rendre compte que c’est le fils de ton voisin avec qui tu t’engueules tous les matins ? Tidadidadoumm… T’es d’ailleurs toujours à 500€ de découvert, cocotte, et il te reste 22 jours à tenir, ahah ! »
Ben là, tout pareil… « Ça ne passera jamais. Tu as bossé ton texte, mais il est nul. Rien d’original. Sors de cette salle. Maintenant. C’est un ordre, cocotte. » Je me suis levée… et je suis montée sur scène. -Et paf ! Dans ta face, cerveau relou !- J’ai joué un texte que j’avais écrit quelques années avant. J’y ai mis tout mon cœur. Comme pour les autres candidats, le metteur en scène y a mis sa patte, m’a donné des indications, j’ai répété, joué, dansé, pleuré, hurlé, insulté mon public, ri aux éclats… Et finalement, je n’ai pas été prise, mais les mots que m’a susurré le metteur en scène dans le creux de l’oreille par l’intermédiaire de mon téléphone quelques jours plus tard résonnent encore certains soirs, quand mon cerveau décide de faire le malin ont eu l’effet d’un coup de pied au… derrière, voyons !
J’ai décidé de ne plus être un ourson en gélatine.
Ma vie de boulet est devenu un spectacle. J’espère qu’il vous plaira !
Crédits photo : AB Photographe